Un parcours atypique

Un parcours atypique

Je suis particulièrement sensible aux troubles en lien au corps et à la nourriture physique comme affective tant du point de vue du système familial que de la société et des stéréotypes véhiculés par les médias, J’ai à cœur le non-jugement et une démarche pédagogique inclusive.

Un éveil aux questions de nutrition dès l’enfance

Dans mon enfance, dans les années 80, j’ai grandi avec les images télévisées des famines en Éthiopie. Les images d’enfants souffrant de malnutrition sont restées gravées dans ma mémoire. Plus tard, au collège, j’ai été confrontée à l’obésité et au mal-être de certains de mes camarades de classe.
À 20 ans, entre naïveté et colère, je cherchais alors à comprendre pourquoi l’abondance alimentaire et industrielle de nos pays riches, non seulement, creusait les inégalités du monde mais également ne pouvait raisonnablement nourrir sainement tous les enfants.

Je prenais conscience des souffrances du monde, proche et lointain. Ma sensibilité et mon besoin de justice
en seront bousculés pour toujours.

La diététique, un choix de métier

J’ai commencé mon parcours professionnel par des études supérieures dans une école de commerce et un premier poste dans ce domaine. Je ne me sentais pas à ma place et un bilan de compétences m’a fait prendre conscience de mes dispositions pour les métiers du soin. Forte de ce constat, j’ai souhaité
m’inscrire en école de diététique à Paris. Mais sans bac scientifique, je ne suis pas admissible à ce cursus.
Avec l’audace de mes 25 ans et ma force de persuasion, le directeur de l’école, après un refus et sans grande conviction, finit par m’inscrire. Il n’eut pas à le regretter. Avec le recul, intégrer un cursus scientifique avec un esprit plus analytique et global a permis un autre regard.

Commence alors une période de travail acharné et intense pour être à niveau dans les matières scientifiques et m’approprier un mode de pensée rigoureux. La santé physique, la biologie humaine, les données mathématiques ou la biochimie sont des disciplines rationnelles qui l’emportaient sur les dimensions sociales et psychologiques pour lesquelles j’étais plus prédisposée. Néanmoins, la
compréhension métabolique du corps humain fût un voyage passionnant.

Quand la culture familiale questionne mes études

Née dans une famille lyonnaise, j’ai appris les plaisirs de la table et du partage. Mon héritage est riche de la cuisine de ma grand-mère Mathilde et du goût des saisons et du terroir de mes parents : de l’intelligence manifeste, de l’alchimie et des magies culinaires comme le pain perdu, les crêpes et bien d’autres encore !

Du marché à la cuisine, j’ai une histoire à raconter pour chaque plat de ma vie.
Ce patrimoine familial m’a ainsi enseigné que nourrir n’est pas seulement remplir le ventre, c’est également combler le cœur connecté à une personne que l’on aime.
Dans les années 90, les métiers de la diététique consistaient à savoir chiffrer et peser et envisageaient le patient du point de vue d’une ration alimentaire pour le « bien » et « l’équilibre », sans tenir compte des dimensions émotionnelles ou pire, celles du plaisir à manger.

Comment alors ne pas me questionner sur cette vision qui me semblait incomplète ?

En harmonie avec ma propre histoire, je n’imaginais pas appliquer mon métier aux règles dictées par la profession. Je tenais à ma rêverie, à ma culture et à l’importance du plaisir d’une nourriture savoureuse, impliquant l’affect.

Réconcilier analyse et plaisir

Quand on aime, on ne compte pas. C’est sans doute la raison pour laquelle, dans ma pratique professionnelle, je ne souhaite pas calculer, mesurer ou évaluer. Je suis gourmande et comptais bien le rester. Au-delà de mon expérience, le plaisir de manger est fondamental. Nous le savons aujourd’hui.

Mon diplôme de diététicienne–nutritionniste en poche, je m’interrogeais toujours sur mon approche et de nombreuses questions demeuraient sans réponse sur les enjeux psychologiques et pédagogiques, en prévention comme dans le soin. En toute logique, je m’inscris à l’Institut de Psychologie Lyon 2 dans l’excellent dispositif, « Formation à Partir de la Pratique » (FPP). Pendant 5 ans, je m’épanouis notamment
dans les cours de Nathalie Dumet et Françoise Perrin-Durreau pour qui j’ai beaucoup de gratitude. Leur enseignement a nourri mes aspirations et répondu à mes questions.

J’avais trouvé un mode de pensée et de nombreux outils au service de ma démarche et des besoins en innovation en matière de prise en charge des troubles qui touchent au rapport à la nourriture, au corps physique et au corps émotionnel.

Ma sensibilité, mon acuité et mes intuitions m’ont amené à affiner mes compétences au service du patient en intégrant son histoire et sa relation au monde.

Il me paraissait ainsi naturel de lier soin de l’assiette et soin de la tête pour un bien-être global.

Un regard différent pour un parcours sans régime

J’ai commencé à œuvrer à l’Institut de Puériculture et de néonatalogie de Paris auprès des femmes et des mamans de bébés nés prématurés.

Ensuite, pendant 4 ans, j’ai formé les médecins de la coordination du RéPOP (Réseau de prévention et de la prise en charge de l’obésité infantile du Grand Lyon) aux questions du plaisir et ses intérêts majeurs dans la prise en charge de l’obésité de l’enfant.

En 2002, j’ai créé et dirigé une association loi 1901 de professionnels de santé « ABC Diététique », qui proposait dans les établissements de l’Éducation nationale et les territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, des activités de prévention et de soin. L’objectif de ces missions, participatives et ludiques, était d’impulser des dynamiques en œuvrant plutôt sur les freins et les leviers, pour des comportements favorables à la santé et une alimentation juste et conviviale.

20 années se sont écoulées ainsi consacrées avec bienveillance auprès de centaines de publics jeunes et moins jeunes de tous les territoires, de toutes les cultures.

Les femmes au cœur de mon parcours

Si en consultation, je reçois tous les publics, mes années d’expérience m’ont convaincue de soutenir plus particulièrement le corps et la santé au féminin. Je pense qu’il est nécessaire de réserver un espace de parole spécifique et d’accompagner une fois en sécurité, le corps et l’écologie féminine dans toutes ses
subtilités.
Trop souvent malmené dans les médias, sur les réseaux sociaux, par les stéréotypes, la famille et parfois le conjoint, la société et souvent par elle-même, la femme, les femmes ont besoin de compréhension et tout particulièrement de douceur.

Manger, un acte politique

Réduire les inégalités de santé publique sur les territoires de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a largement donné sens à mon travail. Une modalité pédagogique nouvelle, ludique et dédramatisante est possible tout en améliorant des prises de conscience ainsi que des comportements favorables à la
santé.

Comment prenons soin de nous positivement ?

De la santé publique à la prévention, et de la prévention au soin, il n’y a qu’un pas. Avec pour fil rouge l’éthique, l’écologie humaine et la psychologie positive de la santé sur 3 déterminants majeurs, stress, alimentation et sommeil.

Je me situe loin de tout lobbying, des injonctions de la société de consommation industrielle, loin des normes dictées dans les médias, des stéréotypes, des règles de la diététique et des régimes, d’une nourriture contrôlée, et de l’idée même de chiffrer et de peser sa nourriture. Je suis pour l’écoute et le respect du corps, des émotions et des liens étroits à l’histoire singulière de chacun pour prendre de la
hauteur.

Progressivement, j’ai compris que manger est aussi un acte politique. D’une façon ou d’une autre, je participe aux prises de conscience dans nos sociétés. La vie me permettra peut-être d’aider un jour les enfants du bout du monde. Participer activement à un mouvement collectif sur ces enjeux de santé globale de façon écologique et positive est ma principale motivation.

J’accompagne les personnes et les entreprises dans une démarche éducative positive avec enthousiasme pour nourrir une idée positive de la santé.